Gabrielle Bélanger

Originaire de la Mauricie, Gabrielle Bélanger possède un parcours académique en arts visuels, en service social et poursuit actuellement des études en sexologie. Membre active d’Engramme, elle développe avec le centre de multiples projets de recherche et de médiation culturelle. Elle est l’artiste derrière La Carriole (2018), l’atelier de sérigraphie mobile qui va à la rencontre des gens dans les rues de la capitale.

Maintes fois boursière du CALQ et de Première Ovation, elle cumule depuis presque dix ans des résidences dans différentes communautés puis dans divers centres d’artiste (La Bande vidéo, Atelier Imago, Fabrik Postdam). Son travail est diffusé dans le cadre d’exposition solo (Engramme, Presse Papier) puis lors d’interventions hors les murs et de performances. Elle fut nominée en 2021 pour le Prix Personnalité art et culture en Capitale-nationale puis en 2022 pour le prestigieux Prix du CALQ – Artiste de l’année en Capitale-nationale.

La pratique artistique me permet de transformer des territoires marginaux (intérieur et extérieur) en lieux légitimes où habiter, et où s’habiter. Je prends l’espace en otage. Je l’occupe sous forme de performances intimes, souvent spontanées, que je documente, cherchant à dégager un passage à l’intérieur de moi. Le corps (intime et social) s’invite dans mon processus créatif. Il se positionne, libère sa force, et se libère. De même, par la mise en place de processus collaboratifs dans la communauté, j’invite chacun à créer cet espace en lui. La création s’impose à moi comme une manière de prendre place dans le monde, de faire résistance.

L’interaction se lit partout dans ma dynamique de création. J’infiltre des lieux et des communautés dans une posture d’observ-actrice mettant de l’avant l’être avec et le faire ensemble. J’épluche les patates avec les sans-abris, je me fais les ongles avec les travailleuses du sexe, je retourne jouer dans la cour d’école de mon enfance. Ce faisant, un geste après l’autre, j’amorce un mouvement de création, de plus en plus ample, grand, vaste, comme une balançoire qu’on actionne, pour repousser à chaque fois de nouvelles frontières, les pieds ailleurs, toujours plus loin. Les traces de cet échange, la documentation de ce lien, de cette interaction, deviennent la matière première récoltée de manière spontanée et intuitive via des dispositifs de rencontre ou via l’usage de médiums artistiques variés (photo, vidéo, écriture, dessin, estampe). Je donne ensuite une forme, une mise en espace à cette documentation. J’assemble, transforme et, du même coup, j’observe bien souvent la communauté se transformer avec moi. Happenings, installations, livres d’artistes, estampes et vidéos naissent.

En activant un mouvement circulaire d’échange entre l’intérieur et l’extérieur, entre les gens et les lieux, entre l’autre et moi, je souhaite donner corps à ce qui ne surgirait autrement.

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